Les morts et les dégâts ne sont pas une fatalité.
Blois, 25 juillet 2007. Propriétaire devant sa maison quelques jours avant sa démolition. Pour une fois l’État a agi pour rattraper des erreurs aberrantes commises par le passé, toujours avec la même arrogance humaine face aux forces de la Nature.
Dans le quartier de la Bouillie, 150 maisons ont été construites légalement au fil du vingtième siècle dans un bras du déversoir placé là par nos aïeux pour mieux absorber les crues centennales de la Loire. Les risques encourus étaient énormes pour les habitants, l’eau pouvant monter jusqu’à quatre mètres de hauteur et passer sur les maisons à la vitesse de deux mêtres par seconde, un vrai film d’épouvante… L’Agglomération de commune a racheté tout le quartier pour en expulser les habitants. Quand on veut, on peut.
Ca me rappelle une réunion d’élus que j’avais photographiée au château de Chaumont-sur-Loire en 2004, animée par un technicien du BRGM. Devant les maires de la vallée, celui-ci avait projeté des simulations d’inondation qui prenaient pour référence les grandes crues passées. Les élus voyaient ainsi l’eau monter sur les territoires de leurs communes au fil des chiffres et observaient avec terreurs leurs beaux lotissements et autres zones commerciales disparaitre sous les eaux. Les morts se comptaient par centaines et les dégâts par milliards. On pouvait entendre voler les mouches jusqu’au bout du département…
N’en déplaise aux prédateurs du Monde Marchand, la meilleure protection contre la violence des crues est de laisser ouvertes et dégagées les zones où le fleuve s’est toujours baladé depuis la nuit des temps.