Souvenirs de reportage

1988. Détournement pendant seize jours d’un Boeing 747 de la Koweït airlines par des pirates pro-iraniens . 

5 avril, un avion de ligne Koweïtien effectuant la liaison Bangkok-Koweït avec cent douze passagers à son bord est détourné sur l’aéroport de Mechhed, en Iran. Les pirates exigent que soient libérés dix-sept extrémistes pro-iraniens emprisonnés au Koweït.

Le 8, le Boeing  redécolle après la libération de certains passagers. L’avion se pose ensuite à Larnaca, à Chypre, après le refus des autorités syriennes et libanaises de le laisser atterrir à Beyrouth.

Le 9, les pirates tuent un passager koweïtien.

Le 11, les pirates abattent un nouvel otage koweïtien.

Le 13, l’avion décolle de Larnaca pour une destination inconnue. Mon rédacteur en chef, du bureau parisien d’Associated Press, parie sur Alger comme destination et me demande de sauter dans le premier avion. Je pars sans ma brosse à dents. Bonne pioche, j’arrive en Algérie une heure après que le Boeing s’y soit posé et avec plusieurs heures d’avance sur tous mes confrères. Il fait encore jour, gêné par des bâtiments, je dois monter tout en haut d’un pylône d’éclairage pour photographier l’avion stationné à quelques centaines de mètres. Je redescends de ce perchoir, pas vu pas pris, et fonce développer et transmettre ma photo via notre correspondant local. Elle sera publiée en une du « International Herald Tribune » dans l’édition du lendemain. Pour AP, c’est la publication qu’il faut faire, car ce journal est lu par tous nos clients dans le monde. 

De difficiles négociations s’engagent alors entre les membres du commando et le ministre algérien de l’Intérieur, une longue semaine d’attente commence, terrible pour les otages, fastidieuse pour les journalistes, des renforts arrivent de partout  afin de nous permettre d’être présent au bord de la piste 24h sur 24h. 

Le 20, les pirates acceptent de libérer leurs otages après avoir obtenu des autorités algériennes de gagner le pays de leur choix. L’aéroport est plongé dans l’obscurité et au milieu de la nuit, nous entendons le décollage d’un avion militaire qui les emmène vers la Libye. 

PHOTOS : 1/ Photographes et cameramen au bord du tarmac de l’aéroport d’Alger. Nous étions  cantonnés à 800 mètres de l’avion détourné et toutes les agences avaient sorti des placards leurs plus longs téléobjectifs. Thierry Orban, de Sygma, rajoute un doubleur de focale Nikon sur un objectif qui me semble être un Leitz, un assemblage très inhabituel. 2/ Un « belin » AP et sa précieuse légende ; pour la police aussi, le temps était très long.

https://fr.qaz.wiki/wiki/Kuwait_Airways_Flight_422
Detournement avion Kuwait Airline boing 747, policier regardant sa montre