« FILETS OBSCURS » A VISA POUR L’IMAGE 2018

Ce n’est plus de la pêche, c’est de l’extermination…  Flottille russe surprise en flagrant délit de transbordement illégal de milliers de cartons de poissons congelés à 50 km au large de la Guinée-Bissau le 22 mars 2017

Photo : ce n’est plus de la pêche, c’est de l’extermination…
Flottille russe surprise en flagrant délit de transbordement illégal de milliers de cartons de poissons congelés à 50 km au large de la Guinée-Bissau le 22 mars 2017

 

Dans le prolongement de mon opus, « Un plaidoyer contre la surpêche », mon reportage « Filets obscurs », commandé par Greenpeace International en 2017 au large des côtes de l’Afrique de l’Ouest sera projeté au Festival International du Photojournalisme Visa pour l’image le 5 septembre 2018 à Perpignan.

73 jours de mer, 6 pays, 21 patrouilles aériennes, 50 sorties en canot pneumatique, 41 bateaux de pêche abordés avec des inspecteurs assermentés, 11 chalutiers arraisonnés, 1 président de la République et 6 ministres avec nous à bord de l’Esperanza…

Nous n’avons pas eu la chance de connaitre les bouillonnements de la vie marine à la surface des océans. Les textes anciens racontent que lors des périodes de reproduction, l’on pouvait traverser les estuaires à pied tant les bancs de poissons y étaient compacts…

Aujourd’hui, les capacités mécaniques des flottilles de pêche sont suffisantes pour aller chercher les derniers poissons blottis au fond des mers, le jardin d’Eden s’est transformé en désert. Au rythme actuel, certains scientifiques prédisent la disparition de tous les poissons pour 2050. La course aux moyens techniques a permis, jusqu’à présent, de pallier l’effondrement des ressources et de maintenir les poissonneries achalandées. Mais, avec l’échec des tentatives de gestions halieutiques initiées depuis le début du 19e siècle, 95 % des poissons ont bel et bien été éradiqués des mers. Seules des mesures contraignantes pourraient arrêter le suicide planétaire en cours. Si les océans meurent, nous mourrons.

La route de l’espoir passe, entre autres, par les points suivants :

1. Assumer notre responsabilité de consommateur-prédateur en diminuant drastiquement notre consommation de poissons pour réduire la demande et faire baisser le volume des prises.

2. Evincer les acteurs politiques des cercles décisionnels pour éviter le clientélisme.

3. Revoir le système des quotas contreproductifs et supprimer les subventions européennes perverses.

4. Améliorer les techniques de pêche afin de réduire le volume des « prises accessoires » et mettre ainsi fin au plus grand gaspillage de ressources alimentaires de l’histoire.

5. Obliger les pêcheurs à rapporter au port tout ce qu’ils remontent sur les ponts.

6. Interdire les engins de pêche dévastateurs.

7. Privilégier les circuits courts et la pêche artisanale équipée de moyens ultra-sélectifs.

8. En haute mer, interdire mondialement tous les transbordements de poissons congelés pour faire disparaitre la pratique des blanchiments de cargaisons provenant de bateaux pirates. Ce qui mettra aussi fin à la grande « valse des étiquettes » que j’ai photographié à plusieurs reprises…

9. Généraliser pour tous les navires, et sans dérogations géographiques, l’obligation d’activer en permanence les balises de positionnement par satellite.

10. Remettre à plat le statut et les missions des observateurs embarqués sur les flottilles. Trop souvent, ils ne font qu’un maigre inventaire des prises et aucun travail de police, leur sécurité personnelle étant parfois précaire et leur vulnérabilité à la corruption toujours importante.

11. Imposer à l’industrie et à la grande distribution la mise en place d’un système unifié de labels et d’étiquetages plus performant et plus compréhensible du grand public

12. Multiplier par dix le montant des amendes réclamées aux tricheurs.

13. Mettre fin à toutes les pollutions qui détruisent le biotope marin.

14. Sanctuariser 50 % de la surface des océans en réserves marines inviolables.

15. etc.

Programme

https://www.visapourlimage.com/en…