CHAMPS DE BATAILLE

Sortie en librairie de CHAMPS DE BATAILLE, l’histoire enfouie du remembrement par Inès Léraud et Pierre Van Hove.

En suivant l’exemple de l’agriculture américaine, 1,3 million de kilomètres de haies vives ont été arrachés en France depuis 1900. Cette histoire est le miroir de tout ce qui déraille aujourd’hui. Crues bibliques et lessivage des terres arables sur fond de Sixième extinction des espèces accéléré par un déluge de produits chimiques… Dans cette guerre contre le vivant, le gang des empoisonneurs tueurs d’abeilles mené par MONSANTO et la FNSEA a également réussi l’exploit inouï de contaminer 100% de la population française en nous faisant pisser du glyphosate matin midi et soir.

Avec cette BD-docu, nous redécouvrons l’envers du décor de ces printemps silencieux. Sans une loi fasciste votée sous Pétain en mars 1941, les remembrements autoritaires n’auraient pu se faire. Leur but, n’était pas tant de nous nourrir pour « moins cher », mais de générer du « pouvoir d’achat » afin de permettre aux Français d’acheter des voitures individuelles et de relancer l’industrie. Sans aucune prise en compte des conséquences environnementales de ce plan machiavélique, de nombreux acteurs de ce crime contre le futur ont été décorés de la Légion d’honneur.

La chronologie des faits est bien référencée, ce qui solidifie cet album de 192 pages que l’on peut aussi utiliser comme ressource documentaire. La disparition des oiseaux et les désastres écologiques ponctuent ces tragédies qui ont fait exploser les communautés rurales. Une casse humaine sans précédent, avec la destruction des bocages et des territoires, le nombre des paysans a été divisé par dix, c’est le plus grand « plan social » de l’histoire de France. On en a peu parlé à l’époque, aujourd’hui tout le monde l’a oublié.

Merci, Inès Léraud et Pierre Van Hove pour avoir rallumé la lumière.

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Mes photos sur le même sujet :

1 et 2 : Savigny-sur-Braye, Loir et Cher, 1992. Nous vivons dans un monde de tarés. Au même moment, a eu lieu sur cette commune, une opération de remembrement et une opération de replantation de haies, toutes deux subventionné par l’État !

3 : Savigny-sur-Braye, Loir et Cher 1992. Pose de drain dans un champ, 10 % des territoires agricoles sont aujourd’hui drainés, une aberration écologique de plus qui précipite les pluies vers les fonds de vallées urbanisés.

4 : Ballon, Sarthe, 2018 : Détruire les haies ou comment lessiver les terres arables et fabriquer des crues dévastatrices.

4 bis: Joux-la-Ville, Yonne, 2013. Hydromorphie exagérée du sol après remembrement.

5 : Geffosses, Manche, 2002. Groupe d’agriculteurs à la retraite ayant tenté de résister aux remembrements autoritaires du bocage normand. Conscients de la nécessité d’agrandir leurs champs, ils réclamaient simplement que les opérations soient menées à l’amiable entre voisins. Ce qui aurait permis de conserver des dizaines de milliers de kilomètres de haies et de chemins creux. Une pluie de magouilles mensongères et un chantage continuel aux subventions publiques ont permis le passage des bulldozers de marque américaine sur toutes les parcelles de la commune.

6 : Geffosses, Manche, 2002. Monument national à la nature et aux hommes victimes des remembrements

7 : Saint-Lô, Manche, 2002. Rare survivant aux carnages, chemin creux historique, chef-d’œuvre de biodiversité et de la relation des hommes avec la Nature.

8 : Boursay, Loir et Cher, 2002. Dominique Mansion, fondateur de la Maison botanique. Infatigable défenseur du bocage assis dans une trogne de chêne ancestrale.

9 : Boursay, Loir et Cher, 2002. Les Anglais à la rescousse. Kevin Agate et son fils lors d’un stage de formation destiné aux arboriculteurs français. Les Anglais ont en effet su conserver le savoir-faire des « haies vivantes plessées », tissages formidables de barrières végétales utilisées depuis la nuit des temps par tous les paysans de la terre et dont les derniers exemples en France ont disparu sous les chenilles des bulldozers américains à l’occasion des remembrements.

10 : Magazine, ça m’intéresse, 2002. Le reportage « les haies refont surface » de Maurice Soutif illustré avec mes photos.