MACABRE ÉLÉPHANTEAU 

Paris, galerie des trophées du musée de la chasse, ambiance guerre contre le vivant.

Le milliardaire-chasseur fondateur du lieu, François Sommer (1904-1973) a trop tiré sur la ficelle « Protégeons la Nature pour continuer à chasser ». C’est tellement dommage que tout cet argent soit parti dans la mauvaise direction, comme un grand rendez-vous manqué avec l’histoire de la défense de l’environnement. Depuis sa mort, la réserve qu’il a fondée dans les Ardennes est devenue une école de chasse.

Malgré le souhait de François Sommer d’oeuvrer pour une pratique soucieuse du respect de la faune sauvage, ce loisir morbide génère tous les jours trop de dérapages. Quel échec, quand on observe, entre autres, que de grands malades peuvent continuer de pratiquer la vénerie sous terre pour déterrer des blaireaux ! Une pratique barbare interdite dans la plupart des pays européens, sauf en France. 

Cette incroyable galerie de cadavres empaillés illustre la philanthropie d’un mécène dépassé. Ces trophées sonnent le glas d’une époque. Aujourd’hui ce musée ouvre désormais ses expositions temporaires à l’art contemporain *. Démarche intéressante, mais cet écran de fumée ne suffira pas pour nous faire oublier la perversion mentale dont souffrait le chasseur qui a tué ce bébé éléphant présenté ici au-dessus d’une collection de plus d’une centaine de fusils.

* Exposition Galleria, Eva Jospin (oeuvres à base de carton), jusqu’au 20 mars 2022