SUR LA ROUTE DU RAIL

Coïncidence, au moment où je reprends mon reportage sur les petites lignes de chemin de fer, je tombe en conduisant sur l’émission de France Culture  » le temps du débat « . Elle avait pour thème : les petites lignes SNCF sont-elles condamnées ?

Trois personnes y participaient, un sénateur, une économiste et le directeur de Railcoop, une société coopérative de transport ferroviaire privée.

Ces intervenants connaissent bien le sujet et sont très compétents, et c’est presque un problème. Leur maitrise des dossiers techniques et financiers masquent la vie quotidienne que l’on peut encore croiser dans les petites gares. Pas d’émotions, pas de vibrations, pas d’amour pour la planète évoqué. Pas de vision nationale, pas de remise en cause de la catastrophe du saucissonnage de la régionalisation, à peine un mot sur la dictature du transport routier. Alors que nous devrions être en guerre pour le climat, la déliquescence des infrastructures et des horaires non tenus a seulement été mentionnée avec des mots sibyllins (il fut un temps pas si lointain où les trains étaient presque toujours à l’heure). 

Pas d’appel pour un plan Marshal national ambitieux qui permettrait de se débarrasser des 330 000 camions qui massacrent tous les jours les territoires et le climat. Toutes ces paroles manquaient tellement de charisme.

Malgré la canicule effarante de cette semaine, le chiffre, à peine croyable, que le train est jusqu’à 80 fois moins polluant que l’avion n’a pas été mentionné et personne n’a menacé de se jeter par la fenêtre si la liaison aérienne Paris-Lyon n’est pas fermée demain matin. Business comme d’habitude.

Bref, je me suis énervé, heureusement que je roule à 70 km/h pour limiter mon bilan carbone… 

Allez, je retourne photographier ce qui reste des petites lignes. Photo : ce TER assurant la liaison Montluçon Vierzon fait petit joueur si l’on observe la fascinante longueur de ce quai qui permettrait d’accoster avec 16 voitures transportant d’un seul coup 1400 voyageurs, quand la SNCF était un vrai service public national, c’était la norme. 

On a le droit de rêver pour sauver le climat : et si l’ensemble du réseau ferroviaire secondaire était  au gabarit de 200 km/h (c’est le cas entre Moulin et Vichy) avec des trains fiables, cadencés comme des métros et des billets  plafonnés à 10 € ?

Gare de Vallon en Sully, Allier, 21 juillet 2022