CARNAGE DERRIÈRE LE GRILLAGE

J’ai pris cette photo le 8 mai 2021 confortablement assis dans un ancien poste de tir installé dans un arbre dans le domaine de chasse clôturé que l’ASPAS a acheté en 2019 dans le massif du Vercors pour le transformer en réserve de vie sauvage.

En France, il existe près de 1200 enclos privés de ce genre. Ils détiennent entre 50.000 et 100.000 animaux (sangliers, cerfs, chevreuils, mouflons, daims…).

La beauté des lieux, et du daim que l’on aperçoit, m’interpelle sur cette école de violence qu’est la chasse de loisir en 2021. Pourquoi chasser dans un enclos ? Parce que c’est plus facile, avec l’aide des chiens et des rabatteurs, l’on a la garantie de ne pas rentrer bredouille. Avec une lunette de visée à point rouge laser montée sur une carabine, même alcoolisé après le déjeuner de midi, on est sur de faire un « beau tableau » à 300 mètres de distance.

Et parce que l’on peut y chasser sans quotas le gibier à poil 365 jours par an.

De plus, dans leurs morbides courses aux trophées, les chasseurs peuvent y tuer des animaux exotiques et ainsi diversifier leurs listes de captures. Si trop d’animaux sont tués, il suffit aux commerçants gestionnaires de commander du gibier dans les 500 parcs d’élevage qui égayent le pays et les camions arrivent…

Pour les plus riches, la dépose en hélicoptère est un must.

La motivation de ces chasseurs est une question de société qui nous concerne tous. D’où vient cette jouissance à abattre, avec une arme de guerre, de magnifiques animaux en train de paitre paisiblement dans un cadre sublime ? Comment se déclenche cette sadique perversité et ce gout pour le sang et la mort ?

En France, le chiffre d’affaires de cette industrie est de 3,6 milliards d’euros par an pour 30 millions d’animaux abattus (un quart proviennent d’élevages)

ASPAS : Association pour la protection des animaux sauvages. Les chiffres viennent du remarquable livre de Pierre Rigaux « Pas de fusils dans la nature ».#aspas